La santé connectée a débarqué sur nos smartphones. Et c’est une vraie révolution dont vont profiter à la fois les patients et le corps médical. C’est ce dont nous parle le Docteur Tomas, en nous expliquant pourquoi la médecine entre dans l’ère du cinéma.
C’est bien souvent les règles du jeu pour le médecin généraliste ou spécialiste chargé de suivre un patient souffrant d’une maladie chronique.
Ces 15 minutes, c’est en en effet ce que dure généralement une consultation. Et durant cette consultation, le médecin devra mesurer des paramètres santé, par exemple la tension artérielle, poser un diagnostic, choisir un traitement adéquat et définir un suivi pour son patient.
Et les 130 000 minutes qui suivent ? Elles équivalent à peu de choses près à la période classique de 3 mois entre deux consultations chez un médecin.
Si ces règles du jeu sont souvent une réalité avec laquelle il faut composer, elles n’en sont pas moins une source de frustration. Pour le patient et son entourage, mais aussi pour le médecin. Car ce médecin est conscient des lacunes d’une intervention limitée à 15 minutes tous les 3 mois.
Que se passe-t-il quand le patient rentre chez lui ? Ce que le médecin observe pendant ce ¼ d’heure de consultation lui donnera-t-il une image correcte et complète de sa vraie vie ? La réponse est claire : non…
Reprenons notre exemple de la tension artérielle pour mieux comprendre. Imaginons qu’un cardiologue pratiquant cet examen sur son patient obtienne des valeurs trop élevées. Et que ce constat justifie un traitement ou une prise en charge.
Ces paramètres anormaux observés par le médecin dans son cabinet ne sont-ils pas biaisés par un stress du patient, plongé dans un contexte médical a priori angoissant et dans un environnement inhabituel ? Mesurées lorsque ce patient rentre chez lui, dans son cadre de vie habituel, ces valeurs ne seront-elles pas différentes… avec pour conséquence que le traitement décidé lors de la consultation n’a pas de raisons d’être ?
Heureusement, les choses sont en train de changer. Avec l’arrivée de la médecine connectée, cette frustration du médecin et de son patient pourraient bientôt appartenir au passé.
En Belgique comme ailleurs, la santé connectée commence à débarquer sur nos smartphones. Des applications permettent désormais de mettre en place un vrai télé-monitoring pour suivre au jour le jour les paramètres santé, notamment ceux de patients atteints d’une maladie chronique, et plus uniquement 15 minutes tous les 3 mois.
Et c’est bel et bien une révolution, comparable au passage de l’ère de la photo à celle du cinéma. Plutôt que de prendre deux photos statiques de l’état du patient à 3 mois d’intervalle, on va pouvoir suivre de manière dynamique tout le film qui sépare ces deux moments.
Les applications de télé-monitoring passent par votre smartphone pour établir un contact permanent avec le médecin et son équipe médicale. Elles vont transmettre des paramètres santé collectés par des objets connectés, par exemple un tensiomètre ou une balance. Ces paramètres sont ceux susceptibles d’évoluer pendant la journée ou la semaine. L’équipe médicale est donc informée en temps réel de l’évolution de ces données. Et elle peut en retour intervenir ou conseiller le patient, par exemple en le confortant dans ses comportements, mais aussi en adaptant son traitement, ce qui peut se faire via une téléconsultation.
Donc oui : en médecine aussi, il est temps de passer au cinéma, même si on n’est qu’au tout début du processus et que tout n’est pas encore parfait. Car on sait qu’avec ces applications de santé connectée, on va avoir un impact positif sur les risques liés aux pathologies lourdes. Et donc éviter des accidents cliniques graves, mais aussi des hospitalisations ou des transports médicaux inutiles.
La révolution de la santé connectée nous concerne tous. Car c’est tout l’écosystème de la santé qui va être impacté :
Les choses avancent bien. Les entrepreneurs et start-ups belges sont dans le peloton de tête de ceux qui font avancer l’innovation. Ils sont passés du stade des intentions à celui des applications… des applications dont certaines ont déjà commencé à faire leurs preuves.
Le corps médical, et notamment la médecine spécialisée, a aussi emboîté le pas à ce mouvement. Et cela va forcément faire avancer et progresser la connaissance, car l’on va désormais pouvoir analyser des données auxquelles on n’avait jusqu’à présent pas accès. Il faut donc observer ces données et découvrir ce qu’elles peuvent nous apprendre, en particulier en termes de médecine prédictive et en s’aidant de l’intelligence artificielle. Quelles conclusions peut-on par exemple tirer d’une variation de tension artérielle observée entre deux et cinq heures du matin ? Est-ce le signe d’un incident à venir ? Et à quelle échéance ? En prédisant un événement de santé, on pourra aussi mettre en place des mesures de prévention efficace.
Les acteurs politiques doivent aussi regarder dans la même direction. En évaluant ce qui fonctionne et les bénéfices que l’on peut en retirer pour la santé publique ainsi que pour le budget de la sécurité sociale, mais aussi en créant le cadre ad hoc à l’épanouissement de la santé connectée.
Et les mutualités ? Elles ont un rôle moteur essentiel de support et d’encouragement vis-à-vis de leurs clients… pour devenir un vrai partenaire de leur santé en leur conseillant les bonnes applications, mais aussi en prévoyant des remboursements pour ces dispositifs de santé connectée.
On parle de santé connectée lorsque des outils digitaux permettent de transmettre des informations médicales. Par exemple avec la transmission vers le médecin de paramètres comme le rythme cardiaque ou la glycémie d’un patient, des paramètres récoltés par un capteur connecté à un smartphone. Ou dans l’autre sens l’envoi de conseils d’un médecin ou d’une équipe médicale vers un patient, des conseils qui peuvent précisément se baser sur les mesures transmises par le patient.