Boutons et acné : ces deux mots sont suffisamment forts pour horrifier de nombreux ados. D’où vient l’acné ? A quoi la reconnait-on ? Pourquoi n’épargne-t-elle pas les moins de 18 ans ? Et comment la soigne-t-on ? Voici nos réponses à ces questions.
Si ‘La guerre des boutons’ est pour les moins de 20 ans une référence culturelle clairement dépassée, la lutte contre l’acné reste malheureusement pour beaucoup d’ados un problème très actuel. Car même si elle affecte aussi les adultes, il est difficile lorsque l’on est "teenager" de passer entre les gouttes de l’acné et de ses boutons. Comme l’observe la Société Française de Dermatologie, 80 % d’entre eux seront touchés. Mais même si l’ado en souffrira en moyenne pendant 3 à 4 longues années, la bonne nouvelle est que cette acné disparaîtra dans la plupart des cas à partir de 18 ans.
L’acné est une maladie du follicule pilo-sébacé qui entraîne l’apparition de points noirs, points blancs, rougeurs ou boutons, qu’on appellera en langage médical et selon les cas ‘comédons’, ‘papules’, ‘pustules’, ‘nodules’ ou ‘kystes’. Comme son nom l’indique, ce follicule pilo-sébacé est l’ensemble constitué d’un poil et d’une glande sébacée. C’est cette glande qui sécrète le sébum, une substance principalement composée de lipides et dont le rôle est de former un film protégeant la peau contre certains microbes.
L’acné arrive lorsque la sécrétion de sébum se fait en trop grandes quantités et que ce sébum devient moins fluide. Cela va encombrer, épaissir ou boucher le canal pilaire par lequel le sébum s’écoule normalement, un canal qui peut en outre être obstrué par des cellules mortes.
Ce milieu particulièrement graisseux va favoriser la prolifération de certaines bactéries, et notamment la bactérie Cutibacterium acnes, présente naturellement dans le microbiome de la peau. Cette présence bactérienne risque de provoquer de l’inflammation et même de l’infection, qui se manifestent sous la forme de boutons.
L’acné peut prendre diverses formes, de la plus légère à la plus sévère. En voici les trois principaux stades de progression.
A ce premier stade, le sébum sécrété en trop grandes quantités ou devenu trop épais va provoquer la dilatation des pores de la peau. La peau va dès lors prendre un aspect brillant et gras. Des points noirs, appelé dans le jargon médical comédons, et des points blancs, ou microkystes, vont aussi apparaître. Cette concentration de lipides va constituer un terreau idéal pour la prolifération des bactéries à la base de l’inflammation ou l’infection.
L’inflammation de la peau est donc provoquée par l’action de bactéries, attirées par l’accumulation de sébum. Lorsque notre organisme détecte cette présence de bactéries, il réagit en déclenchant l’inflammation du follicule, visible sous la forme de boutons.
Selon les cas, il s’agira :
Ici, la sévérité de l’inflammation ou sa persistance se traduisent par la formation de kystes ou nodules. Les kystes surviennent lorsqu’un comédon (ou point noir) est emprisonné dans une coque fibreuse. Le sébum ne peut dès lors plus être drainé vers l’extérieur et la peau est affectée en profondeur et de manière structurelle.
Les kystes et nodules peuvent laisser deux types de cicatrices :
Si l’acné touche autant les ados, c’est pour une raison bien simple : l’adolescence est une période marquée par une poussée des hormones sexuelles. Et cette poussée des hormones provoque non seulement des transformations physiques comme la mue de la voix, l’apparition de la pilosité, la croissance des seins, l’augmentation de la taille des organes sexuels, mais aussi une hausse de la production de sébum.
Comme cette production abondante de sébum est la cause principale de l’apparition de l’acné et de ses boutons, rien d’étonnant à ce qu’elle touche surtout cette catégorie d’âge.
Ce sont les hormones mâles, les androgènes, qui provoquent ce phénomène. Car oui, les hormones mâles sont aussi produites chez la femme, en l’occurrence par les ovaires et les glandes surrénales.
Un autre facteur favorisant l’apparition de l’acné ? Les prédispositions génétiques. Si les parents ont souffert de certaines formes d’acné, la probabilité que leurs enfants en soient aussi atteints est malheureusement plus élevée. Merci papa et maman…
Selon les personnes et les cas, d’autres facteurs favoriseraient aussi l’acné. Comme…
Même si l’on associe souvent mauvaise alimentation avec acné, la recherche scientifique n’abonde pas dans le même sens et n’ont pas établi de liens entre les deux. Il n’y aurait donc pas lieu de suivre un régime alimentaire spécifique pour traiter les cas d’acné.
Certains travaux récents remettent cependant en question cette absence de lien. Ils se basent notamment sur une observation : l’inexistence de l’acné chez certaines populations primitives supposées avoir une nourriture plus saine et sa prédominance dans les pays développés, avec pour cause possible une alimentation riche en glycémie… Mais à ce stade, rien n’est encore prouvé.
La consommation excessive de lait écrémé semblerait néanmoins être un facteur aggravant l’acné lorsqu’elle est présente, au même titre d’ailleurs que l’exposition au soleil, le stress ou le tabac mais aussi la manipulation des boutons. Et bien entendu, si vous constatez qu’un aliment a un impact négatif sur votre acné, évitez-le.
Sous ses formes les plus agressives, l’acné peut laisser des cicatrices indélébiles. Mais l’acné peut aussi entraîner des dommages psychologiques. Car sa présence visible de tous sur la peau et souvent sur le visage risque d’affecter l’estime et l’image de soi.
C’est d’autant plus vrai chez les ados, victimes privilégiées de l’acné, et chez qui cette estime de soi est en pleine construction. L’acné pourrait même selon une étude canadienne augmenter les risques de dépression dans les 5 années suivant son arrivée. Cette même étude recommande d’ailleurs une prise en charge thérapeutique de ces états dépressifs. Si vous vous retrouvez dans cette situation, une visite chez un psychologue peut donc s’avérer utile.
Pour traiter l’acné, le passage par la case docteur est un must. Après vous avoir examiné, le généraliste ou le dermatologue pourra vous prescrire un traitement adapté à votre acné et à vos spécificités.
Ces traitements peuvent prendre différentes formes, par exemple :
Mais dans tous les cas, il est indispensable de suivre soigneusement son traitement et d’être patient, car les effets bénéfiques ne se manifesteront pas tout de suite. Et il est important de ne pas triturer le bouton ou d’essayer de le percer, car cela risque d’aggraver l’infection et de provoquer des cicatrices.
Ce qu’en dit la Société Française de Dermatologie
Le dossier de la Société canadienne de dermatologie