Enfants et Ados / Santé mentale
Le développement des nouvelles technologies et des réseaux sociaux a donné naissance à une nouvelle forme de harcèlement : le cyberharcèlement. S’il n’implique pas les violences physiques que l’on retrouve parfois dans le harcèlement classique en milieu scolaire, ses effets peuvent se révéler terribles pour la santé psychique des ados.
Le cyberharcèlement peut être défini comme « un acte agressif et intentionnel commis par un individu ou un groupe d’individus à travers des moyens de communication électroniques à l’encontre d’une victime incapable de s’en défendre ».
Cette définition n’implique pas le caractère répétitif des actes. Une publication sur les réseaux sociaux peut en effet circuler librement pendant longtemps. Ses conséquences sont alors comparables à celles de violences répétées.
Si la mécanique de base est la même, plusieurs éléments rendent la situation plus violente pour la victime :
L’anonymat des bourreaux : il est très facile de se cacher derrière un pseudo sur les réseaux sociaux pour s’en prendre à un condisciple de classe. Dans ce cas, la victime ne sachant pas d’où viennent les attaques, elle est incapable de mettre en place une stratégie de défense.
La distance réduit l’empathie : en cas de harcèlement direct, les harceleurs peuvent à un moment éprouver de l’empathie pour la victime et mettre fin au harcèlement. Or, le cyberharcèlement s’effectue à distance. Cela réduit donc fortement cette capacité d’empathie.
Il n’y a pas de répit : les publications sur Internet sont visibles par tous à tout moment, ce qui rend cette situation extrêmement difficile à vivre pour la victime qui ne trouve jamais de répit.
Par ailleurs, une fois en ligne, les publications des harceleurs risquent même d’échapper à leur contrôle et de sortir très largement du cadre de l’établissement scolaire, comme cela pourrait être le cas d’un harcèlement scolaire « classique ». Toutes ces raisons expliquent pourquoi l’impact du cyberharcèlement est potentiellement plus grave.
Il convient néanmoins de garder à l’esprit que le cyberharcèlement n’a pas mis fin au harcèlement à l’école. Les deux peuvent cohabiter. En primaire, les élèves ne sont a priori pas présents sur les réseaux sociaux, mais des enfants victimes de harcèlement se déclarent chaque année et le vivent également très mal.
Le cyberharcèlement peut entraîner une détresse psychologique. Elle peut s’exprimer à travers des troubles du sommeil, le développement de troubles du comportement alimentaire, la consommation d’alcool ou de drogue, des épisodes de mutilation.
Mais cette forme de harcèlement provoque surtout un grand sentiment de honte qui empêche ces victimes de se confier. Elles risquent alors de ne pas voir d’issue possible. Ces dernières années, plusieurs jeunes ont décidé de mettre fin à leurs jours pour échapper à l’enfer qu’ils vivaient au quotidien.
Le cyberharcèlement concerne principalement les jeunes adolescents entre 12 et 14 ans, ce qui correspond aux premières années de l’enseignement secondaire.
Il s’agit de l’âge auquel les jeunes acquièrent une plus grande autonomie numérique et il est plus difficile pour les parents de contrôler l’usage que font les ados des réseaux sociaux sur leur tablette ou smartphone.
L’éducation à l’utilisation des médias sociaux est primordiale dès le plus jeune âge, en tout cas avant que votre enfant entre dans l’adolescence, une période durant laquelle il est plus difficile de pénétrer dans son jardin secret.
Il faut lui expliquer comment utiliser Internet, lui parler de la puissance de cet outil, de ses avantages et de ses dangers, et attirer son attention sur l’impact immense d’une mauvaise utilisation d’Internet.
Pour un adolescent victime de cyberharcèlement, la première chose à faire est d’en parler à un adulte de confiance qui peut bien entendu être un parent. Parler n’est pas une démarche facile, mais il s’agit généralement d’un soulagement et c’est un premier pas décisif pour résoudre le problème. La honte ne doit jamais se trouver du côté des victimes de harcèlement.
Child Focus propose également une aide aux enfants et adolescents qui rencontrent des difficultés sur Internet. Accessible 24h/24 et 7j/7, au numéro gratuit 11 60 00.
Ensuite, il est bien entendu possible de porter plainte auprès de la police. Le cyberharcèlement constitue une forme de harcèlement moral que condamne l’article 442 bis du Code pénal.
Pour un(e) adolescent(e) qui effectue ses premiers pas sur Internet, la protection de la vie privée ne va pas de soi.
Il convient pourtant de prendre quelques précautions :
Les jeunes font preuve d’une grande spontanéité qui s’applique aussi à leur comportement sur Internet. Ils peuvent ainsi dévoiler leur adresse, leur numéro de téléphone ou leur âge sans forcément y voir un danger. Des personnes mal intentionnées pourraient pourtant utiliser ces informations pour les importuner ou les manipuler.
Les réseaux sociaux permettent aux ados de rester en contact avec leurs amis (presque) à tout moment. Mais il n’est pas nécessaire que leur profil soit accessible à tout le monde.
Une publication sur Internet peut avoir un impact majeur sur la vie ou la réputation de plusieurs personnes, même s’il s’agit d’une publication privée. Elle pourrait en effet être copiée ou transférée et échapper au contrôle de l’expéditeur initial.
Il convient donc de tourner sept fois son doigt autour de sa souris avant de cliquer !
À ce sujet aussi, Child Focus a publié des conseils très utiles.