Maladies graves ou chroniques / Cancer
Environ 2 500 cas de cancers de la vessie sont détectés chaque année en Belgique, ce qui classe cette maladie au 8e rang des cancers les plus fréquents dans notre pays. Le Dr Julien Van Damme, urologue aux cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles, nous propose son éclairage sur cette question.
Le cancer de la vessie est une maladie presque exclusivement environnementale. Cela signifie que le facteur héréditaire compte de façon marginale. Les principaux facteurs de risque liés au développement d’un cancer de la vessie sont le tabac et l’exposition à certains produits chimiques.
Dans son service, le Dr Van Damme rencontre principalement des hommes d’âge mûr. «Le cancer de la vessie se déclare généralement après 60 ou 65 ans et il touche entre 4 et 6 fois plus d’hommes que de femmes. Cela s’explique sans doute par le fait que davantage d’hommes que de femmes fument et qu’ils sont également plus nombreux à exercer des métiers qui les exposent à certaines substances nocives comme les amines aromatiques, les hydrocarbures ou certains autres composants des produits présents dans les peintures, teintures, produits pétroliers, etc.»
«Le lien ne semble pas évident au premier abord, explique le Dr Van Damme, mais il faut savoir qu’après avoir transité par les poumons, la fumée du tabac est extraite par les reins avant d’être évacuée par la vessie. Au fil des années, une tumeur peut se développer au niveau de la paroi de la vessie.»
«Dans 80% des cas, la présence de sang dans les urines est le premier signe de cancer de la vessie, affirme le Dr Julien Van Damme. Ce symptôme doit toujours être pris au sérieux, il convient donc de prendre rendez-vous avec votre médecin pour réaliser un bilan. Une prise en charge rapide est en effet essentielle en cas de tumeur de la vessie. Un besoin plus fréquent et urgent d’uriner, une forme d’incontinence ou une sensation de brûlure durant la miction peuvent aussi alerter.»
«Il s’agit tout d’abord d’établir le diagnostic au moyen d’une cystoscopie (endoscopie de la vessie) et d’une cytologie urinaire (une analyse des urines pour rechercher des cellules cancéreuses). Ensuite, une résection (ablation) endoscopique de ces lésions permet de les analyser au microscope et de confirmer le diagnostic. Comme c’est le cas pour bon nombre de cancers, tout dépend ensuite du stade d’évolution de la maladie.»
S’il s’agit de tumeurs superficielles qui n’infiltrent pas le muscle de la paroi vésicale, la prise en charge consiste à procéder à une résection transurétrale de la tumeur de la vessie. L’opération consiste à introduire un cystoscope dans l’urètre jusqu’à la vessie pour prélever la tumeur.
Un traitement de chimiothérapie ou d’immunothérapie au moyen du Bacille de Calmette-Guérin (BCG)est ensuite généralement proposé. Une surveillance étroite est mise en place à vie, car le risque de récidive est élevé.
Plus les racines sont profondes, plus la maladie se révèle agressive. Si la tumeur a infiltré le muscle de la vessie, la prise en charge s'opère généralement en 2temps:
Il faut ensuite dériver les urines via un morceau d’intestin pour mettre en place une dérivation urinaire externe de type Bricker. L’urine s’écoule alors dans une poche externe (urostomie). La reconstruction d’une «nouvelle» vessie est également possible avec de l’intestin dans certaines situations. Cela permet au patient de continuer à uriner par les voies naturelles.
Sans prise en charge, le cancer va se développer dans la paroi de la vessie et s’étendre vers les organes voisins comme la prostate, les ovaires, les vésicules séminales ou les ganglions lymphatiques, mais également à distance (poumons, foie, os). À ce stade, la cystectomie n’est plus recommandée et le traitement se base sur la chimiothérapie et l’immunothérapie.
Le pronostic lié au cancer de la vessie dépend surtout du stade de la maladie et de la rapidité du diagnostic et de la prise en charge. En cas de symptômes, il est donc essentiel de consulter un médecin aussi vite que possible.
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