Maladies graves ou chroniques / Maladies chroniques
L’hypothyroïdie est une maladie souvent auto-immune relativement fréquente, mais l’absence de symptômes clairs rend le diagnostic difficile. La Dre Marie-France Philippe, endocrinologue au Grand Hôpital de Charleroi, nous explique cette maladie qui touche particulièrement les femmes jeunes.
«L’hypothyroïdie se manifeste par un déficit en hormones thyroïdiennes dans le sang, explique le Dr Philippe. Cette maladie touche en particulier des femmes jeunes, mais n’importe qui peut être concerné, même les bébés en cas d’hypothyroïdie congénitale. Mais le plus souvent, son développement présente un caractère auto-immun: pour une raison inconnue, le système immunitaire fabrique des anticorps contre la glande thyroïde.» On parle alors de thyroïdite de Hashimoto.
«Le problème principal concernant le diagnostic de cette maladie réside justement dans l’absence de signes spécifiques, explique la Dre Marie-France Philippe. Les hormones thyroïdiennes participent en effet au fonctionnement normal de plusieurs organes et jouent donc un rôle majeur dans le bon fonctionnement du métabolisme. Il s’agit d’une maladie bénigne, mais elle peut avoir des conséquences importantes sur la qualité de vie.»
Les symptômes peuvent prendre des formes atypiques qui correspondent aussi à d’autres maladies.
Citons par exemple:
«L’iode est un oligo-élément essentiel au bon fonctionnement de la thyroïde. Une carence risque donc de conduire au dérèglement de la glande. Dans certains cas, une hypothyroïdie congénitale due à une carence en iode peut être responsable d’un retard mental.»
À l’heure actuelle, les cas d’hypothyroïdie par manque d’iode sont de plus en plus rares. «En effet, explique la Dre Philippe, l’iode se retrouve dans bon nombre de produits alimentaires comme les poissons, les fruits de mer ou le pain. De manière générale, il est conseillé d’utiliser du sel marin iodé de qualité en cuisine afin de garantir un apport suffisant en iode.»
Savez-vous que l’expression«crétin des Alpes» a un rapport avec l’hypothyroïdie? Au XIXe siècle, la population vivant dans les montagnes affichait un taux très élevé de goitres et de crétinisme. Lorsque la carence en iode a été identifiée comme l’une des causes possibles de ce problème, la Suisse a pris les choses en main: dès 1922, elle distribue du sel de cuisine iodé à la population et des pastilles d’iode aux enfants. En quelques années, la situation s’améliore de façon spectaculaire. Il n’en reste aujourd’hui que l’expression «crétin des Alpes» entrée dans le langage courant.
Le traitement contre l’hypothyroïdie se base majoritairement sur la lévothyroxine T4, l’une des hormones sécrétées par la thyroïde. Il s’agit tout d’abord de mesurer la quantité d’hormones thyroïdiennes dans le sang afin de trouver le dosage le plus adapté, en sachant que le traitement varie dans tous les cas d’un patient à l’autre. Il est donc parfois nécessaire de l’ajuster à plusieurs reprises.
La Dre Philippe attire l’attention sur certains compléments alimentaires ou vitamines qui peuvent perturber l’absorption des hormones thyroïdiennes. «Il convient d’espacer la prise d’au moins quatre heures. Il en va de même des médicaments pour l’estomac qui, comme les hormones thyroïdiennes, doivent être pris à jeun.»
Il s’agit donc d’établir avec votre endocrinologue un schéma thérapeutique adapté à votre situation personnelle.
«Pas du tout, clarifie la Dre Philippe. Le développement d’une hypothyroïdie n’augmente pas le risque de cancer de la thyroïde. À l’inverse, en cas d’ablation de la thyroïde dans le cadre d’un traitement contre un cancer, le patient sera confronté à une hypothyroïdie étant donné que la production d’hormones est stoppée.»
La thyréostimuline (TSH) est une hormone sécrétée par l’hypophyse, une petite glande située dans le cerveau. Elle agit directement sur la thyroïde au niveau de la production des hormones thyroïdiennes T3 et T4. Le dosage de la TSH peut donner un indice de dysfonctionnement de la thyroïde. Il peut ensuite être complété par un dosage des hormones T3 et T4, voire par la recherche d’anticorps antithyroïdiens pour préciser le diagnostic.