Sécurité, surveillance, conduite autonome…, l’IA est déjà bien intégrée dans notre quotidien. Elle procure également une aide précieuse dans le secteur médical sans pour autant remplacer le médecin.
La santé est profondément affectée par les changements technologiques depuis plusieurs années. Les interventions robotisées et l’imagerie médicale (ce qu’on appelle encore aujourd’hui la radiographie) sont les domaines de la médecine où les évolutions technologiques ont été les plus spectaculaires et sont loin d’avoir atteint leur sommet. Mais d’autres domaines comme l’oncologie, la cardiologie, l’ophtalmologie ou la dermatologie avancent également rapidement.
Le monde médical a également été bouleversé par l’IA et les professionnels de la santé ont bien compris l’intérêt de cet apport technologique que ce soit au niveau de l’analyse des données ou du diagnostic.
L’IA correspond à des développements informatiques qui permettent d’imiter le fonctionnement de la mémoire et du raisonnement humain, voire de dépasser ce que le cerveau est capable de maîtriser. Par exemple, grâce à l’IA et à la reconnaissance informatique emmagasinée, une image radiologique inconnue pourra être reliée à telle ou telle maladie. Alors qu’un ou plusieurs radiologues n’auraient pas pu faire le rapprochement, tout simplement parce qu’ils n’avaient jamais vu une telle image ou ne connaissaient pas son existence.
L’IA intègre toute une série de données directes, mais aussi liées à la littérature médicale ou à la recherche. Plus on arrive à accumuler des données, plus celles-ci peuvent être affinées et apporter de la précision dans les recommandations diagnostiques ou thérapeutiques. L'IA examine donc également toutes les possibilités de cause de la maladie et d’aide en terme de soin. Cela peut concerner une situation médicale précise mais aussi un parcours de prise en charge d’un patient souffrant par exemple du diabète ou d’une insuffisance rénale chronique.
Contrairement au cerveau humain, les capacités de stockage de schémas d’analyse et de décision médicales de l’IA sont infinies. Le risque d’erreurs diagnostiques ou thérapeutiques peut donc être très sensiblement évité. Quand on sait que près de 2000 Belges décèdent chaque année suite à une erreur médicale, le bénéfice est facilement établi. Cette évolution va permettre de personnaliser davantage la prise en charge d’un patient et de proposer des traitements de mieux en mieux adaptés à chacun. Mais l’intelligence humaine restera toujours indispensable pour guider la machine et l’orienter vers ce qu’il faut chercher et identifier.
La collecte et l’analyse quasi instantanée de nombreuses données médicales provenant d’un nombre élevé de patients (les big data), va faciliter le développement des calculs de probabilité (les algorithmes), de diagnostic et de décision médicale. Autant d'informations qui constitueront une aide considérable pour les médecins.
Les exemples d’utilisation de l’IA dans le secteur médical ne manquent pas. En 2016, Microsoft a ainsi annoncé l’apparition de plusieurs programmes d’IA visant à assister les cancérologues. Dans le domaine du cancer du sein, une étude récemment publiée par le Journal of the American Medical Association a évalué la performance de l’IA pour détecter les métastases dans les ganglions lymphatiques de patientes. Tandis que des chercheurs de l’université de Stanford se sont, quant à eux, focalisés sur le cancer de la peau. Les résultats de l’IA ont pu être comparés avec ceux obtenus par une vingtaine de dermatologues. L’IA avait atteint un taux de repérage du cancer de 90 %, alors que les dermatologues n’en avaient détectés que 76 %. En avril 2018, la première autorisation officielle de mise sur le marché d’une IA pour le diagnostic des rétinopathies diabétiques a été accordée aux Etats-Unis. Autre exemple, le programme Feetme qui a conçu un dispositif de semelles connectées permettant la collecte de données et l’analyse de mouvement pouvant ensuite être utilisées à des fins thérapeutiques pour le traitement du dos ou des chevilles, par exemple. Quant à la solution de prévention Life Plus, elle propose, une montre connectée pour les seniors qui mesure leur activité et analyse leur environnement de vie grâce à des capteurs intelligents placés dans leur habitation.
En Europe, la régulation juridique et éthique avance lentement. Or, il faudrait accélérer la manœuvre vu la progression très rapide de l’IA au niveau de la santé dans certains pays. Le règlement général relatif à la protection des personnes physiques (RGPD) devra aussi être progressivement adapté ou étendu en fonction de la rapidité de progression de l’IA.
Il est évident que l’IA amènera des changements sur le marché de l’emploi : de nouveaux métiers vont apparaître, et d’autres vont évoluer. C’est déjà le cas en radiologie, par exemple. Un autre paramètre créateur d’incertitudes réside dans le niveau de délégation susceptible d’être accordé aux professions paramédicales correspondantes. Les infirmières, par exemple, vont voir leur champ d’action élargi, et leurs responsabilités risquent d’être étendues.
La généralisation de l’IA en matière de santé va très certainement améliorer la qualité de la prise en charge et le bien-être des patients. Cet apport technologique va notamment permettre au personnel soignant de libérer plus de temps pour s’occuper des patients. De plus, la qualité des diagnostics et des soins sera renforcée et le risque d’erreurs va considérablement diminuer. Mais pour bénéficier de soins encore plus personnalisés et de haute qualité dans un avenir proche, il faudra également et avant tout protéger au maximum les données des patients pour éviter toute dérive.