Après un certain âge, avoir une vie amoureuse épanouie peut sembler illusoire. Pourtant il n’en est rien ! Longtemps considérée comme taboue, la sexualité des seniors se décomplexe. Désireux de profiter au maximum du temps qu’il leur reste, ils n’hésitent plus à divorcer ni à s’inscrire sur les sites de rencontres !
« La vieillesse est condamnée à une continence indispensable à sa survie. » Cette phrase tirée de l’ouvrage « Hygiène et physiologie du mariage » écrit en 1873 par le docteur français Auguste Debay semble bien obsolète aujourd’hui. Loin de pratiquer l’abstinence sexuelle, les seniors sont plus en forme que jamais et auraient même une vie amoureuse trépidante ! Plusieurs raisons expliquent ce phénomène : l’allongement de l’espérance de vie, une meilleure santé, de nombreux loisirs, une augmentation du nombre de divorces après 60 ans et des possibilités de rencontres diversifiées, notamment grâce aux sites de rencontres.
En Belgique, entre 2008 et 2018, le nombre de divorces a diminué, par contre il a considérablement augmenté chez les plus de 60 ans. Et plus étonnant encore, on divorce aussi après 75 ans ! Surnommés « les divorcés gris », ces couples souvent mariés depuis 30, 40, voire 50 ans décident de se séparer à l’âge où - il y a encore peu - on pensait que toute nouvelle relation sentimentale est exclue. Une fois que les enfants ont quitté le nid et que l’ambiance conjugale n’est plus au beau fixe, plutôt que de se morfondre, ils prennent la décision radicale de quitter leur conjoint pour reprendre leur autonomie et se réaliser individuellement. Il leur reste parfois encore 20 ou 30 ans à vivre et ils veulent en profiter ! Voyager, sortir, faire du sport, s’occuper d’eux et faire de nouvelles rencontres.
Les pratiques de rencontre ont changé et l’offre s’est étoffée. Les seniors vont toujours aux thés dansants mais ils ont aussi adopté un nouvel outil bien pratique : internet ! Complémentaires aux rencontres « en live », les sites de rencontres et les réseaux sociaux ont la cote chez les seniors. Ils leur permettent de retrouver la joie du flirt et de la séduction mais aussi d’élargir leurs horizons et de se sentir moins isolés. C’est particulièrement le cas pour les femmes qui ont une espérance de vie plus élevée et qui se retrouvent souvent plus vite seules à partir d’un certain âge. Le succès du web auprès des seniors n’a pas échappé aux concepteurs de sites de rencontres qui leur consacrent des sites spécialisés. Selon l’Institut français des seniors, 55 % des rencontres chez les séniors se feraient via le web et ils représenteraient 25 % des utilisateurs.
Et qui dit rencontre, dit aussi activité sexuelle. La nouvelle génération des 60 ans et plus bouscule les codes ! Finis les tabous autour d’une sexualité réservée à la jeunesse et destinée à la procréation. Une étude réalisée en 2015 par l’université de Manchester auprès de 7000 seniors britanniques révèle que 54 % des hommes et 31 % des femmes de plus de 70 ans ont encore une sexualité active en Grande-Bretagne. Et certains déclarent même que leur libido a augmenté. La vie amoureuse n’a donc plus d’âge et pas uniquement pour les nouveaux couples. La sexualité peut aussi encore avoir une place de choix même après de nombreuses années passées ensemble. Et le fait d’avoir plus de temps pour soi peut être l’occasion de raviver la flamme. L’âge a l’avantage de l’expérience et permet de mieux gérer la situation. Une bonne communication est également essentielle pour satisfaire au mieux les besoins de chacun.
Néanmoins, il serait naïf de penser que l'amour se pratique de la même façon à 20 ans qu'à 60 ou 70. Avec le passage du temps sur le corps et la diminution des capacités physiques, l’image de soi peut être altérée et la pression de la performance ne doit plus être de mise. Elle faut donc trouver son épanouissement au travers d’autres voies en explorant des pratiques plus douces et en laissant une place prépondérante aux préliminaires. En pratiquant le « slow sex », on prend le temps de (re)découvrir son partenaire, de le mettre à l’aise, d’être plus attentif à ses désirs et pourquoi pas d’expérimenter de nouveaux plaisirs davantage axés sur la tendresse.
Cette manière de redécouvrir l’amour est d’autant plus adaptée que des problèmes de santé peuvent venir perturber les relations amoureuses. Ces petits soucis qui apparaissent tant chez la femme que chez l’homme peuvent être d’ordre physique mais aussi psychique. L’hypertension, le diabète, les troubles cardiaques, l’arthrose, les problèmes urinaires sont plus fréquents chez les seniors, de même que la dépression, les angoisses, les insomnies, le deuil… Autant de problématiques qui peuvent diminuer la libido et entraîner une perte de confiance en soi.
Au fil des années, l’homme produit moins d’androgènes et de testostérone. Ces changements hormonaux peuvent atténuer le désir et provoquer des troubles érectiles. Les érections étant plus longues à obtenir et moins intenses, il faut davantage de stimulation. Le temps de récupération entre chaque orgasme est également plus long. Pour contrer les problèmes d’érection, les stimulants sexuels peuvent être très efficaces mais ils doivent être utilisés avec précaution et de préférence sous surveillance médicale car ils peuvent provoquer des problèmes cardio-vasculaires et d’hypertension.
À partir de la ménopause, les bouleversements hormonaux peuvent avoir des répercussions sur la libido. Ils peuvent aussi entraîner des problèmes de sécheresse vaginale rendant la pénétration plus difficile lors des rapports sexuels. Mais il est possible de pallier cette difficulté en recourant davantage aux préliminaires. L’utilisation d’œstrogènes à usage local et de gel lubrifiant est également efficace.
Si ces phénomènes peuvent être difficiles à vivre, ils sont tout à fait normaux et n’empêchent pas d’avoir une vie sexuelle épanouie. Une activité physique régulière, même douce (marche, natation, yoga, gym douce...) permet de se maintenir en forme. Et en passant outre les notions de performance et de fréquence et en développant d’autres pratiques plus imaginatives, la vie amoureuse peut se transformer positivement et procurer des bienfaits sur le moral mais aussi sur la santé.
L’activité sexuelle est bonne pour la santé… à tout âge. Chez les seniors, elle offre de nombreux avantages psychiques et physiques. Grâce à la production des hormones dites du « plaisir », à savoir la dopamine et les endorphines, elle a notamment des effets relaxants, antidépresseurs et antidouleurs. Elle favoriserait donc le sommeil, permettrait de lutter contre la dépression et réduirait les risques d’hypertension. Elle est également bonne pour les artères, la prostate et le tonus périnéal. Elle permettrait aussi d’éliminer les toxines, d’augmenter le rythme cardiaque, d’activer la circulation sanguine, de solidifier les os et de muscler le cœur. Un rapport sexuel représentant un effort physique d’intensité modérée, il est comparable à l’énergie dépensée pour monter deux étages à pied. Le sexe boosterait même le cerveau en permettant de conserver de bonnes performances intellectuelles grâce à la dopamine et l’ocytocine qui sont sécrétées pendant l’amour.
Les seniors sont moins prudents que les jeunes générations et peu d’entre eux pensent à se protéger lors des relations sexuelles. Habitués à la pilule, ils pensent qu’une protection n’est plus indispensable puisque les femmes ne sont plus en âge d’avoir des enfants. La plupart n’ont pas vécu les années « sida » et ne se sentent donc pas directement touchés. Cependant, aujourd’hui, le sida progresse plus chez les seniors que chez les jeunes. Aux Etats-Unis, il aurait même progressé de 71 % chez les aînés. Il n’y a pas non plus d’âge pour attraper d'autres infections sexuellement transmissibles. Il est donc recommandé d’utiliser des préservatifs, surtout dans le cadre de nouvelles relations, et de faire régulièrement des tests de dépistages. Un conseil à suivre à tout âge pour s’aimer en toute sérénité !