La dépression chronique touche aussi les aidants proches

Santé mentale / Dépression

La dépression est l’une des maladies les plus répandues dans le monde. Et lorsqu’elle devient chronique, elle toucherait 3 à 5% de la population mondiale. Rencontre avec Leyla Gomez, de l’asbl Similes Bruxelles, qui accompagne des aidants proches en souffrance psychologique.

Active dans tout le pays, Similes est une association d’aide aux familles et aux proches de personnes atteintes de trouble psychique. Elle travaille en collaboration avec une équipe de professionnels et est devenue un partenaire précieux pour les acteurs des secteurs médicaux, paramédicaux et sociaux. Similes intervient à plusieurs niveaux en proposant notamment une aide psychologique mais aussi sociale (gestion de problèmes administratifs et juridiques de la personne malade). Des groupes de paroles et des formations sont également organisés pour permettre aux familles de mieux vivre avec leur proche malade. Des prises en charge peuvent aussi être proposées pour les malades dont les proches ne peuvent plus s’occuper, ainsi qu’un suivi à domicile pour les personnes qui ont des difficultés à se déplacer. 

Quel est le profil des personnes qui s’adressent à votre association ?

La majorité des personnes qui demandent notre aide sont des proches ou des parents d’une personne atteinte de trouble schizophrène, bipolaire ou borderline… Ils ont besoin de notre soutien car ils souffrent eux-mêmes d’un profond sentiment de mal-être et de tristesse lié à l’accompagnement de leur proche malade. Prendre en charge une personne souffrant d’un trouble mental peut être très lourd au niveau des tâches de la vie quotidienne mais aussi administratif, financier et surtout émotionnel. Et cette charge mentale peut parfois mener à une dépression.

Quelle est la différence entre un sentiment de déprime et une dépression ?

Le sentiment de déprime est passager. Il va durer quelques heures ou quelques jours parce qu’on s’ennuie, qu’on est fatigué ou triste. Tout le monde va le ressentir à un moment ou un autre sans pour autant que cela soit une maladie. Si ce sentiment persiste dans le temps, qu’il devient plus profond et que l’on entretient des pensées négatives en se dénigrant, en n’ayant plus d’intérêt pour des activités que l’on appréciait auparavant et qu’on a du mal à se projeter dans l’avenir, on parlera alors de dépression.

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Quelles sont les causes de la dépression ?

C’est difficile à déterminer. Il peut s’agir d’un mal-être que l’on ressent depuis toujours ou d’un événement particulier qui va servir d’élément déclencheur, comme un deuil, une séparation, un stress… Cet événement va tout d’abord entraîner un sentiment de déprime qui peut ensuite se transformer en dépression si la personne n’arrive pas à surmonter ce mal-être. 

Quand est-ce que la dépression devient chronique ?

L’élément déclencheur peut facilement être identifiable. Mais si l’on n’y prête pas assez attention et qu’il atteint profondément la personne, celle-ci va se fragiliser au fil du temps, surtout si elle n’est pas soignée. Elle n’aura pas conscience de son trouble et va croire qu’elle peut passer au-dessus de cette crise toute seule. Mais la mémoire corporelle pourra se réveiller, par exemple, chaque année à la période durant laquelle cet événement s’est déroulé. La personne se sentira mal sans savoir pourquoi. Elle pourra même éprouver des douleurs physiques (mal au dos, migraine…). Et si ce mal-être n’est pas soigné, il deviendra chronique.

Quels sont les symptômes d’une dépression chronique ?

La dépression chronique induit des symptômes persistants, tels qu’une tristesse constante, une absence de plaisir à pratiquer une activité normalement appréciée, une dévalorisation de soi et une culpabilisation, un sentiment d’inutilité, des altérations du sommeil, de l’appétit (qui peuvent parfois mener à l’anorexie), de la libido, des pensées suicidaires….. Ces signes ne doivent pas être tous présents pour diagnostiquer une dépression chronique.

Certaines personnes sont-elles prédisposées à souffrir d’une dépression ?

La dépression comporterait une composante génétique. Si des antécédents de dépression ont été observés dans une famille, il y aurait un facteur de risque. Des composantes neurobiologiques pourraient également intervenir (déficit ou déséquilibre de certains neurotransmetteurs dans le cerveau, comme la sérotonine et la dopamine). Les femmes seraient aussi plus touchées. Leur système hormonal serait notamment en cause. Le fait qu’elles consultent plus facilement un thérapeute permet aussi de diagnostiquer davantage de femmes dépressives.

Quel est le rôle de Similes auprès des personnes dépressives ?

L’association a un rôle complémentaire au traitement thérapeutique. Nous proposons des aides psychologiques et sociales. Mais nous ne pouvons pas soigner ces malades. Nous n’avons pas les compétences pour proposer un suivi médical. Je suis assistante sociale spécialisée en santé mentale mais pas psychologue. Les malades doivent donc également être pris en charge par un spécialiste (psychologue, psychiatre, thérapeute) qui pourra tout d’abord établir un diagnostic et proposer, s’il y a lieu, un traitement médicamenteux. 

Quels sont les traitements ?

Un traitement médicamenteux peut être prescrit par un médecin. Celui-ci sera adapté en fonction de l’évolution de la maladie. On évitera de le prendre en continu à cause des nombreux effets secondaires. Il sera aussi complémentaire à d’autres traitements, comme une prise en charge psychologique lors de séances avec un spécialiste, de groupe de paroles, d’ateliers… Il est important de pouvoir parler de son mal-être avec un spécialiste mais aussi avec des proches ou un centre d’aide à la santé mentale (Centre de Prévention du Suicide, Télé-Accueil…). Si la personne dépressive représente un danger pour elle et pour les autres parce qu’elle ne mange plus, qu’elle a envie de se suicider… et qu’elle ne veut pas se faire soigner, elle devra se faire hospitaliser pour une mise en observation. 

Que pouvez-vous conseiller pour éviter de passer d’une simple déprime à une dépression ?

Dès que l’on constate une prolongation dans le temps des principaux signes de déprime, il ne faut pas hésiter à en parler à son entourage, à participer à un groupe d’entraide et/ou consulter un thérapeute. Les personnes en souffrance n’en sont pas toujours conscientes et certaines d’entre elles risquent de s’isoler socialement. Les proches peuvent donc également avoir un rôle préventif. Dès qu’ils constatent une coupure sociale chez une personne de leur entourage, ils ne doivent pas hésiter à leur en parler. 

Avez-vous observé une augmentation des cas de dépression durant le confinement ?

Pendant le confinement, nous n’avons pas observé une augmentation du nombre de personnes qui sont devenues dépressives. Mais par contre, nous avons eu des suicides chez des malades qui souffraient déjà de dépression chronique avant l’épidémie et qui n’ont pas supporté cette situation. Aujourd’hui, nous rencontrons davantage de personnes qui sont dans un état de tristesse profonde par rapport à cette situation qui perdure. Le confinement était davantage un état d’attente et de protection pour éviter d’être en contact avec le virus. Mais on ne voit aucune évolution positive. On doit toujours porter un masque, garder ses distances, on risque d’être à nouveau confiné… La situation est toujours inquiétante et certaines personnes ont développé des angoisses parce qu’elles ont repris le travail et qu’elles ont à nouveau des contacts plus rapprochés. Or, le virus est toujours présent. Si ce mal-être persiste, il peut mener à un état dépressif.

Bon à savoir : Similes vient de sortir un guide « La vie au-delà de la dépression ». Très complet, il reprend des informations sur les traitements, les aides possibles, un journal de l’humeur, … Il est disponible gratuitement.

Plus d’infos : www.similes.org

  • Similes Bruxelles, 49, rue Malibran à 1050 Bruxelles 
    Permanence psycho-sociale : 02/511 99 99 
    Accueil et service de documentation : 02/511 06 19 
  • Similes Wallonie, 15, rue Lairesse à 4020 Liège
    Permanences téléphoniques : 04/344 45 45

La ligne de soutien psychologique de Partenamut

Si vous souffrez d’un problème psychologique ou que vous voulez soutenir un proche en difficulté, Partenamut est également à votre écoute grâce à sa ligne de soutien psychologique. Une équipe de psychologues expérimentés est à votre disposition et pourra vous aider à trouver les solutions les mieux adaptées à votre situation. Ce service permet d'obtenir rapidement une consultation sans devoir attendre un rendez-vous chez un psychologue qui peut parfois être long à obtenir.

En tant qu’affilié Partenamut, vous bénéficiez de 5 entretiens téléphoniques par an avec notre équipe de psychologues. Vous pouvez les appeler au numéro de téléphone gratuit 0800/88 080 du lundi au vendredi de 8h à 21h. Si ces 5 séances n'ont pas été suffisantes, le psychologue qui vous a conseillé pourra vous orienter vers d’autres solutions. Grâce aux avantages Partenamut, vous avez également droit au remboursement de 16 séances par an au cabinet d’un psychologue (max 20 €/séance).

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Partenamut et les aidants proches

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Département d’aide à la personne

Des assistants sociaux sont également à la disposition des aidants proches. Ils sont experts dans l’accompagnement des aidants et de leurs aidés : écoute professionnelle, soutien dans les démarches administratives, relais vers les partenaires locaux…

N’hésitez pas à les contacter au 02 549 76 70 ou par e-mail social@partenamut.be si vous traversez un moment difficile en tant qu’aidé ou aidant.