Plusieurs données le montrent, le nombre de tentatives de suicide au sein de la population jeune est en hausse depuis plusieurs années, tant en Belgique que dans d’autres pays industrialisés. Comment dès lors déceler le désarroi pouvant conduire à ce drame et quelles sont les mesures à mettre en place pour éviter le passage à l’acte ?
En mai 2021, le magazine français Le Point consacrait un dossier au phénomène « très nouveau » et « inquiétant » de la hausse des tentatives de suicide chez les adolescents et les jeunes adultes.
La crise sanitaire du Covid-19 n’est bien sûr pas étrangère à cette situation, même si le mal-être des adolescents existait déjà auparavant.
Pour 2019, l’année la plus récente pour laquelle le Centre de Prévention du Suicide dispose de données chiffrées, le taux de décès par suicide en Belgique, toutes tranches d’âge confondues, est plus élevé que la moyenne européenne.
Chez les jeunes entre 15 et 24 ans, le suicide est même la deuxième cause de mortalité derrière les accidents de la route. La prise en charge des risques de suicide chez les adolescents doit donc devenir une priorité.
Un article publié dans le journal Libération en novembre 2021 illustre une très forte augmentation des hospitalisations à la suite de tentatives de suicide en France depuis le début des années 2010 au sein de la population âgée de moins de 15 ans. Dans les hôpitaux de Rouen, on note que les tentatives de suicide ont presque quadruplé entre 2019 et 2020. Et à Marseille, elles ont doublé entre 2020 et 2021.Il s’agit d’un phénomène global puisque des données similaires ont été observées durant la même période aux États-Unis.
Il n’y en a pas, c’est d’ailleurs ce qui rend la prévention du suicide si difficile. Certaines maladies mentales comme la dépression constituent certes des facteurs de risque, mais le suicide peut concerner n’importe qui. Même des personnes en apparence très heureuse qui cachent un profond mal-être. Confrontées à une situation d’angoisse extrême, leurs mécanismes naturels de défense sont dépassés et la mort peut sembler la seule solution possible.
Ces dernières années, plusieurs jeunes adolescents ont décidé de mettre fin à leurs jours en raison du harcèlement dont ils faisaient l’objet à l’école ou sur les réseaux sociaux.Certains parents désenfantés ont décidé de se regrouper au sein de l’ASBL Les Mots de Tom pour sensibiliser les jeunes aux drames auquel peut conduire le harcèlement.
Quel que soit l’âge, il n’est pas facile de déceler les signes d’un prochain geste suicidaire. C’est pourquoi il convient de prêter attention aux comportements suspects :
Isolement
Perte d’énergie ou de joie de vivre
Troubles du sommeil ou de l’appétit
Désintérêt pour les choses qui le passionnent
Comportements excessifs (alcool, drogue, médicaments, conduite dangereuse, etc.)
Pour résumer, tout signe d’état dépressif, de tristesse ou de désespoir doit être pris au sérieux. De la même manière, une hyperactivité soudaine ou une énergie débordante peuvent être le signe que quelque chose ne tourne pas rond.
Certains jeunes expriment parfois leur désarroi de façon directe ou indirecte avec des mots tels que « la vie n’en vaut pas la peine », « j’aimerais m’endormir pour toujours » ou « je ne m’en sortirai jamais ». Des déclarations comme celles-là doivent alerter.
Face à une situation comme celle-là, il n’est pas évident de garder la tête froide. Il n’existe malheureusement aucune formule magique, tant le processus
suicidaire est complexe.Il convient en tout cas de :
Prendre ses déclarations au sérieux
Prendre le temps de parler avec lui de ses problèmes
Lui demander s’il a des idées suicidaires et, le cas échéant, s’il a un plan à mettre en œuvre (l’objectif étant alors de limiter les possibilités de mise en œuvre de ce plan)
L’écouter pour lui permettre d’exprimer son ressenti
L’inviter à prendre contact avec un professionnel ou faire vous-même la démarche
Souligner son courage d’avoir exprimé son désarroi
Ce qu’il faut éviter :
Porter un jugement moral sur sa souffrance (tu n’as aucune raison de te plaindre).
Le faire culpabiliser (pense à tes parents et à tes frères et sœurs).
Garder le secret. Parler est un appel à l’aide auquel il convient de répondre.
Dans une interview qu’il avait accordée à Partenamut au printemps 2021, le coach scolaire et praticien PNL Marc Breugelmans parlait de la crise du Covid-19 comme d’un « révélateur de problèmes préexistants », mettant lui aussi l’écoute et l’aide thérapeutique au centre du jeu pour les aider à remonter la pente.
Dans certains cas, le jeune en souffrance peut en effet avoir besoin d’une prise en charge médicale. Comme c’est le cas dans bon nombre de circonstances, les médecins généralistes représentent un soutien de première ligne très précieux. Si le médecin de famille le juge nécessaire, il pourra recommander un suivi psychiatrique de son jeune patient.
Le Centre de Prévention du Suicide représente une aide précieuse et une ligne téléphonique est ouverte 24h/24 pour les personnes qui vivent un épisode de crise suicidaire. En cas de besoin, appelez gratuitement le 0800 32 123.
Pour les personnes en détresse ou celles confrontées à la perte d’un proche, le forum du site Prévention Suicide constitue un espace d’échange et de soutien très utile.
Les sites www.preventionsuicide.be et www.preventionsuicide.info vous fourniront également des informations utiles sur ce sujet.
Consciente de l’importance d’un soutien psychologique pour dépasser certaines périodes difficiles, Partenamut a mis en place une ligne psy accessible du lundi au vendredi de 8h à 20h au numéro de téléphone gratuit 0800 88 080.
Partenamut rembourse aussi en partie les séances de psychologie individuelle et les thérapies de couple ou familiale.