Le suicide est encore tabou dans notre société : souvent inexplicable et incompris, il met mal à l’aise et déstabilise. Le 10 septembre est la Journée mondiale de la prévention du suicide et vise à sensibiliser la population à ce sujet délicat. Tentons de mieux cerner la question en vue de sa prévention.
En Belgique, on compte en moyenne 6 décès par suicide chaque jour. Avec un taux de 19 suicides pour 100.000 habitants, notre pays est bien au-dessus de la moyenne européenne, estimée à 12 pour 100.000.
Avec un total de 2.000 cas par an, le suicide est la 7ème cause de mortalité en Belgique et la première cause externe, c’est-à-dire qui n’est pas liée à une maladie, et ce devant les accidents de la route.
Tous ces chiffres sont sans compter le nombre de suicides masqués ou non déclarés par les proches, ni le nombre de tentatives non fatales, que l’on estime 10 à 20 fois plus nombreuses.
Concernant les tentatives de suicide, on sait que les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à en faire. Par contre, ce sont trois fois plus d’hommes qui décèdent par un suicide abouti.
Il est difficile d’aborder le processus suicidaire car c’est un phénomène complexe, soumis à l’interaction de multiples facteurs et qui sont variables d’un individu à l’autre. Néanmoins, l’acte suicidaire est très rarement un acte isolé et brutal et on peut presque toujours distinguer plusieurs étapes avant le passage à l’acte. Connaître et reconnaître la crise suicidaire permet de tenter de prévenir le suicide.
À l’origine du processus suicidaire, il y a un ou plusieurs événement.s de vie stressant.s. Lorsque l’individu se trouve dans cette situation menaçante, en état de souffrance insupportable à ses yeux, que les mécanismes naturels de défense n’arrivent plus à la contourner, il broie du noir et ne voit plus d’issue pour apaiser le quotidien. Il vient alors à penser que la mort serait une solution possible pour mettre fin à ce tourbillon. C’est le début des idéations suicidaires.
Sur ce terrain déjà fragile, si survient un événement qui sera comme “la goutte qui fait déborder le vase”, l’idéation va se transformer en intention suicidaire. L’individu plongé dans une angoisse extrême se verra dans l’impossibilité de faire face et ne verra plus que la mort comme seule issue à sa situation de souffrance extrême. Ses intentions suicidaires vont le mener à élaborer un plan pour mettre fin à ses jours et envisager différentes façons de le faire.
S’en suivra alors un comportement suicidaire. Il se traduira soit par un comportement suicidaire indirect, lorsque l’individu adopte un mode de vie ou des comportements risqué.s, comme une consommation excessive d’alcool ou de drogue, une conduite dangereuse sur les routes ou des prises de risque en tout genre. Soit par une tentative de suicide, en mettant en place le plan qu’il aura élaboré en phase d’intentions suicidaires. Cette tentative, en espérant qu’elle ne soit pas fatale, et qu’elle soit mineure ou majeure, doit absolument être prise au sérieux et mener à une prise en charge adaptée.
Encore une fois, il est difficile de dresser une liste d’étapes bien définies du processus suicidaire, car celui-ci suit son propre cheminement d’une personne à l’autre et ne peut aucunement être standardisé.
Le suicide est un phénomène complexe et multifactoriel, il est rarement le résultat d’une cause unique. Un événement marquant peut être l’élément déclencheur, plutôt comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, mais pas la seule cause du suicide.
Les facteurs de risques peuvent être associés à des prédispositions individuelles, à l’environnement ou à des événements circonstanciels. Mais le suicide ne suit pas un schéma et ces facteurs ne sont en aucun cas prédictifs d’un comportement suicidaire.
La présence de certains facteurs de protection peut peser dans la balance et retenir l’individu qui a envie de mourir de passer à l’acte. Par exemple, un accès facile aux soins adéquat, le soutien de l’entourage, des convictions culturelles ou religieuses, etc. De même, la présence de facteurs de protection n’est pas une garantie de non-suicide.
Il existe cependant quelques signes qui peuvent alerter de la détresse d’une personne, qu’elle soit en phase d’idéation, d’intention ou de comportement suicidaire. Nous pouvons tenter de reconnaître ces signaux d’alerte, afin de court-circuiter le processus suicidaire qui est peut-être enclenché.
Sachez d’abord qu’il n’y a pas de règle. Une personne en apparence heureuse et joyeuse peut être très déprimée. Personne n’est à l’abri et il n’y a pas de profil prédestiné au suicide. Ce n’est pas parce qu’une personne est bien entourée qu’elle ne peut pas être suicidaire.
Le suicide n’est ni une maladie, ni un comportement héréditaire. C’est un acte posé pour mettre fin à des souffrances extrêmes à un moment donné. Il peut survenir chez n’importe qui ou se répéter à travers les générations.
Messages directs ou indirects, comportements perceptibles ou non, l’expérience montre que plus de 80% des personnes ayant fait une tentative de suicide ou décédées par suicide, a tenté au moins une fois d’exprimer sa souffrance.
Une tentative de suicide non fatale, même si elle semble “légère”, est un appel à l’aide qu’il ne faut jamais négliger. Souvent les récidives surviennent ensuite et ne sont plus “ratées”.
En matière de prévention du suicide, pour pouvoir intervenir avant toute forme de comportement suicidaire (indirect ou tentative de suicide), on pense avant tout à diminuer les facteurs de risque et à augmenter les facteurs de protection.
On sait toutefois que faire face à une personne avec des idées suicidaires peut être effrayant. Savoir quelle attitude adopter n’est pas chose facile. Est-ce qu’on fait bien ou mal, est-ce qu’on en fait trop ou trop peu…. Sachez qu’au final, on n’a que peu, voire aucun pouvoir sur la vie d’autrui. Il n’y a aucune formule miracle, qui marche à tous les coups, tant le processus suicidaire est complexe et varie d’une personne à l’autre. Chacun réagira à sa manière, dans les limites de ses possibilités.
Cependant, quelques conseils peuvent être utiles si vous êtes confronté.e à quelqu’un qui manifeste des signes de son désir d’en finir avec la vie.
Vous pensez au suicide ou vous connaissez quelqu’un qui semble y penser ? Appelez le Centre de Prévention du suicide : 0800/32.123. La ligne est ouverte 24h/24.
Pour les personnes en détresse ou celles qui font face à la perte d’un proche, retrouvez un espace de libre échange et d’expression, anonyme et sans tabou sur le forum du site Prévention Suicide.
Au-delà d’un support virtuel ou téléphonique, le CPS propose un soutien psychosocial gratuit pour la personne en crise suicidaire et son entourage ainsi que des rencontres individuelles pour personnes endeuillées.
Cet article a été rédigé avec les sites www.preventionsuicide.be et www.preventionsuicide.info comme principales sources. N’hésitez pas à consulter ces sites pour tout complément d’information.