L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire qui concerne principalement les filles et se déclare dans la très grande majorité des cas durant l’adolescence. Elle nécessite une prise en charge médicale et l’implication de toute la famille.
L’anorexie est une maladie mentale qui entre dans le domaine des troubles des conduites alimentaires. Elle se caractérise par un refus de l’alimentation dont les conséquences à moyen et long terme peuvent être graves. Elle apparaît la plupart du temps pendant l’adolescence avec un pic entre 13 et 17 ans. Il s’agit d’une affection presque exclusivement féminine, puisque 90 % des malades sont des filles.
L’anorexie mentale se déclenche souvent de manière pernicieuse. Au départ, il peut s’agir d’une simple envie de « faire attention » à ce que l’on mange ou d’une volonté de perdre un peu de poids. Mais dans certains cas, l’adolescente ressent une sorte d’euphorie face à sa capacité à maîtriser son corps. Ce sentiment de toute-puissance peut alors lui permettre de dépasser sa faim. Elle surveille son indice de masse corporelle (IMC) et le voir baisser est considéré comme une victoire. À cet instant, elle pénètre dans une zone de turbulences.
Comme pour bon nombre de maladies mentales, les causes de l’anorexie mentale ne sont pas simples à identifier.
Florence Bierlaire, psychothérapeute spécialisée dans les troubles alimentaires, note néanmoins quelques points communs entre bon nombre de malades :
Certaines études ont également mis en avant des facteurs génétiques. Le risque de développer une anorexie mentale serait en effet quatre fois plus élevé si une personne de la famille souffre ou a souffert de la même pathologie.
Le premier signe visible est souvent une perte de poids très rapide. Néanmoins, certains indices plus précoces doivent attirer votre attention :
L’anorexie mentale entraîne une perception déformée de son corps. Cette dysmorphophobie donne à l’adolescente anorexique l’impression de toujours devoir perdre du poids pour atteindre un idéal inaccessible.
Le Dr Françoise Dominé est pédiatre au CHR de la Citadelle à Liège, spécialisée en médecine de l’adolescence. Elle explique qu’au départ, « c’est l’incompréhension qui domine, viennent ensuite le désespoir et la peur. Alors on négocie. On accepte par exemple d’enlever la viande, mais c’est un piège. Une sorte de légitimation de l’anorexie. On accepte implicitement de vivre avec elle. »
Néanmoins, le Dr Dominé insiste sur l’importance d’éviter d’entrer en opposition avec son enfant. « Le parent doit parler de son ressenti, de ses craintes par rapport à la situation, tout en évitant de poser un jugement. »
Pour elle, l’anorexie mentale doit faire l’objet d’une prise en charge médicale. « Se priver de nourriture de la sorte ne résulte pas d’un choix conscient. Il convient une nouvelle fois de rappeler que l’anorexie mentale est une maladie et qu'elle doit donc être traitée comme telle par des médecins spécialistes. »
« La prise en charge s’opère au niveau familial », explique le Dr Dominé. « Il s’agit de faire front ensemble. Cette approche permet de déculpabiliser tout le monde. Le rôle de l’équipe médicale consiste à faire comprendre à ces adolescentes qu’elles peuvent guérir. Et plus la prise en charge est rapide, plus les chances de guérison sont élevées. »
Parfois, une hospitalisation plus ou moins longue s'impose avec un isolement de la famille. Un objectif est alors fixé avec la malade et une rééducation nutritionnelle est amorcée afin de lui faire prendre du poids et la sortir le plus rapidement possible de la zone de danger.
L’anorexie mentale est un trouble alimentaire grave d’autant plus difficile à soigner qu’il s’accompagne d’un profond déni de la maladie. Et tant que la patiente ne réalise pas qu’elle est souffrante, elle ne peut prendre la décision de se soigner. Parfois, un déclic permet de franchir le pas. Il peut s’agir du désir de devenir maman ou simplement de la souffrance ressentie.
Travaillant depuis de nombreuses années avec des patientes anorexiques, Florence Bierlaire sait que si la guérison est possible, le combat n’est jamais gagné d’avance. « Pour plus de la moitié des patientes, l’anorexie mentale perdure à l’âge adulte. Souvent, une patiente anorexique devient boulimique après quelques années et les deux maladies cohabitent ».
Mais comme pour bon nombre de maladie, une prise en charge précoce augmente sensiblement les chances de guérison.