Plus on avance en âge, plus le sommeil est perturbé. Alors qu’après 50 ans, le sommeil évolue naturellement, à partir de 60 ans, c’est près d’une personne sur 3 qui souffre d’insomnies et de réveils nocturnes. Quelles sont les causes et les conséquences de ces troubles du sommeil sur la vie des seniors et est-il possible d’y remédier ? Éléments de réponse dans notre dossier.
On n’a pas besoin de moins de sommeil en vieillissant : la durée moyenne d’une nuit passe de 8h à 7h entre 20 et 70 ans, ce qui est peu de différence. Par contre, c’est un fait: vers 50 ans, le sommeil commence à se fragmenter et est de moins bonne qualité.
Lorsque l’âge avance, les problèmes de sommeil concernent essentiellement une fragmentation du sommeil, des difficultés à s’endormir et une augmentation de la somnolence diurne. Intéressons-nous de plus près aux troubles du sommeil les plus fréquents chez les seniors.
On qualifie d’insomnie l’incapacité ou la difficulté à s’endormir à l’heure du coucher ou à se rendormir lors de réveils nocturnes ou très matinaux. Les symptômes peuvent varier avec le temps ou s’additionner les uns aux autres. L’insomnie peut être passagère ou chronique, mais s’intensifie souvent avec le vieillissement et toucherait 35% des plus de 65 ans. On parle d’insomnie à partir du moment où l’on met plus de 30 minutes pour s’endormir en début de nuit ou si on passe plus de 30 minutes éveillé en milieu de nuit, avec une durée de sommeil inférieure à 6 heures et demie par nuit. La conséquence de nuits trop courtes est évidemment une fatigue le lendemain, qui peut interférer avec la qualité de vie: irritabilité, somnolence, manque de vigilance, dépression...
Le syndrome d’avance de phase du sommeil (SAPS) se distingue par un sommeil décalé par rapport aux heures de sommeil ‘normales’ et l’horloge biologique est ‘en avance’. La personne présentant une avance de phase a du mal à rester éveillé après 18-21h en soirée et se couche à une heure précoce. Il se réveille ensuite également prématurément, entre 2 et 5 h du matin. Ce désordre se manifeste plus facilement chez les personnes plus âgées, car celles-ci ont tendance à se coucher plus tôt. Et comme elles n’ont pas besoin de plus de sommeil que la moyenne, se coucher tôt veut dire aussi se réveiller tôt, tout en ayant ses 6 à 9h de sommeil. Cela peut néanmoins avoir comme conséquence une somnolence en deuxième partie de journée et une impression de ne pas bien dormir.
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un trouble neurologique qui se caractérise par un besoin irrésistible de bouger ses membres inférieurs pendant son sommeil ou des périodes d’inactivité ou de repos. Également appelé syndrome de Willis-Ekbom ou “impatience des jambes”, il ferait souffrir entre 5 et 10% de la population. Accompagné de douleurs ou d’inconfort (picotements, fourmillements,...), ce syndrome peut causer insomnies et réveils nocturnes avec des difficultés à se rendormir, provoquant une altération de la qualité de sommeil.
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) toucherait 25% des personnes âgées de plus de 70 ans. Obstructives, car elles obstruent partiellement ou complètement les voies respiratoires, les apnées se manifestent par des pauses respiratoires pendant la nuit. Elles touchent plus souvent les hommes, les personnes âgées et les gens en surpoids. Lors des apnées du sommeil, le cerveau est privé d'oxygène et le sommeil perd en qualité. De plus, il existe un risque accru de mortalité, d’AVC ou de troubles cognitifs.
Les troubles du sommeil ont tendance à s’intensifier avec l’âge, entre autres pour des raisons biologiques inévitables. Mais d’autres facteurs peuvent interférer dans la qualité du sommeil, comme la maladie, l’inactivité ou l’anxiété.
L’organisme humain est conçu pour vivre en phase éveillée le jour et en phase d’endormissement la nuit, selon un rythme de 24h. C’est ce que l’on appelle le rythme circadien. En vieillissant, l’horloge biologique se modifie et prend de l’avance sur ce rythme. C’est pourquoi les personnes plus âgées ont tendance à se coucher plus tôt et à se réveiller plus tôt. On note également une évolution dans le rythme de la journée: l’activité des seniors serait plus prononcée le matin que l’après-midi, contrairement à ce qui est la norme chez les adultes plus jeunes.
Au-delà de cette avance de phase, on note d’autres évolutions naturelles dans le cycle de sommeil après 50 ans.
Si l'on n'a pas forcément besoin de plus de sommeil qu'avant (6 à 9h en fonction des individus), le temps passé au lit peut considérablement augmenter si on tient compte des phases d'éveil.
Ce qui est en fait un phénomène lié à l’âge peut parfois devenir source d’anxiété et de stress. Par exemple, une personne de plus de 65 ans qui a un peu de mal à s’endormir et se réveille une ou deux fois durant la nuit peut penser qu’elle fait des insomnies, alors qu’elle a, en fait, un sommeil tout à fait normal pour son âge. L’angoisse des insomnies va intensifier ses problèmes de sommeil, de peur de mal dormir. Malheureusement pour elles, il peut être illusoire pour les personnes de plus de 60 ans de s’attendre à faire une nuit de huit heures d’une traite.
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Il n'y a pas que les facteurs biologiques qui peuvent avoir un mauvais impact sur le sommeil des personnes de plus de 50 ans.
La qualité du sommeil a un impact indéniable sur la qualité de vie, c'est le cas pour tout le monde. Cependant, les adultes qui travaillent et qui maintiennent donc un certain rythme de vie, tomberont moins vite dans une spirale infernale que les pensionnés qui n’ont pas gardé une activité soutenue pendant la journée.
Outre une fatigue -voire une somnolence- constante, ce sont d’autres dangers qui guettent la personne âgée quand elle ne dort pas bien ou pas assez. Les troubles de l’attention ou de la mémoire, les sautes d’humeur et l’irritabilité, le manque d’énergie ne sont que des exemples ‘bénins’. D’autre part, des malaises, des maux de tête, des chutes ou des accidents plus graves peuvent être des conséquences plus lourdes du manque de sommeil. La dépression peut aussi en découler. C’est pourquoi il est important d’essayer de remédier à ces troubles le plus vite possible.
La fatigue chronique entrave aussi la vie active des seniors qui, par paresse ou par dépit, ont tendance à faire de moins en moins d’activité physique et à préférer lézarder pour récupérer. Les troubles du sommeil peuvent également retenir les personnes âgées de sortir de chez elles, les privant ainsi de lumière naturelle et de contact social. Tous ces éléments (activité physique, contact social et lumière naturelle) sont pourtant vitaux pour leur bien-être.
Les somnifères apparaissent souvent en première position lorsqu’on pense à réguler son sommeil. Il est toutefois important de rester vigilant, car les hypnotiques peuvent créer une dépendance et peuvent, s’ils sont pris sur le long terme, être la cause de troubles cognitifs et de chutes. Il vaut mieux apprendre à bien dormir que de se laisser tenter par un petit cachet le soir. Et si la prise est inévitable, le médicament doit être prescrit par un médecin et à faible dose. En effet, le métabolisme d’une personne âgée étant modifié, il faut veiller à ce que le médicament ne continue pas d’agir en journée, d’autant plus que la personne est déjà plus somnolente en général.
Plus qu'apprendre à bien dormir, c'est une routine quotidienne qu'il faut tenter d'installer. Voici quelques conseils pour y parvenir.
La combinaison de tous ces éléments doit vous aider à retrouver un sommeil paisible et une meilleure qualité de vie !