Des parents épuisés, au point de ne plus se reconnaitre dans leur rôle ni de l’assumer pleinement : le burn-out parental est une réalité qui touche près de 8% des papas et mamans en Belgique. D’où vient-il, quelles sont ses conséquences, et comment y faire face ? Nos réponses dans cet article.
La vie familiale et de parent est-elle forcément toujours une bulle de ressourcement et d’épanouissement ? Non, sans doute pas. Car dans la réalité, la parentalité est une mission particulièrement exigeante et même éprouvante, souvent très éloignée de certains clichés idéalisés sur la famille parfaite.
Parfois, chaque "maman" ou "papa" sortant de la bouche de nos enfants peut même devenir une source d’épuisement, consommant notre énergie vitale… et c’est peut-être le signe annonciateur d’un burn-out parental.
Nous associons presqu’automatiquement le burn-out à l’environnement professionnel. Mais ce qui est devenu l’une des maladies du XXIe siècle sévit aussi ailleurs, notamment dans le cercle familial.
Comme pour le burn-out professionnel, on peut désigner pour ce burn-out parental un même coupable : le stress. Dans ce cas-ci, ce stress est inhérent au rôle de père ou de mère, et à toute la charge mentale et organisationnelle qu’il implique.
Avant d’analyser plus ses causes, commençons par expliquer ce qu’est ce burn-out parental.
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Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak sont chercheuses à l’Institut de recherche en psychologie de l’UC Louvain. Références internationales de la question, elles définissent le burn-out parental comme "un trouble survenant lorsqu’un parent est soumis à un excès de stress parental sans disposer de suffisamment de ressources pour en compenser l’effet. Le parent s’épuise alors dans sa parentalité, jusqu’à devenir l’ombre de lui-même, puis l’opposé du parent qu’il était et voulait être".
Lorsque le burn-out parental débarque, il est donc essentiel d’identifier les ressources et stresseurs parentaux, et le pourquoi de leur déséquilibre.
Mais de quoi s’agit-il exactement ?
La mission de parent génère inévitablement du stress que certains facteurs et situations peuvent accroitre. Comme lorsque :
Ces ressources peuvent compenser l’impact négatif des stresseurs parentaux. Et faire pencher la balance du bon côté pour diminuer le risque de burn-out parental. En voici quelques-unes :
Le burn-out parental est donc tout sauf un énième concept à la mode. Dès les années 80, il était d’ailleurs déjà identifié comme tel aux États-Unis. Il ne faut en tout cas jamais minimiser les conséquences de ce burn-out maternel ou paternel.
En plus du sentiment d’épuisement et le désinvestissement, il peut provoquer chez le parent des problèmes de troubles du sommeil, d’addiction (alcool, sucres…), et même des envies suicidaires.
Les enfants ne sont pas non plus épargnés : outre l’affaiblissement du lien affectif avec le parent, ils risquent de subir des comportements de négligence, voire même de violence verbale ou physique.
Lorsque le parent vit en couple, les rapports avec le ou la partenaire souffrent aussi de la situation de burn-out parental. Avec, à la clé, des conflits, des envies d’adultère…
Certains signaux d’alerte sont des indicateurs d’un possible burn-out parental. C’est notamment le cas pour :
… un sentiment qui s’exprime à la fois aux niveaux :
Le rôle de parent devient insurmontable, et le plaisir que le père ou la mère y éprouvait disparaît, par exemple lorsque son enfant l’appelle ou lorsqu’il joue avec lui. Et cela peut induire chez ce parent un sentiment de honte.
L’épuisement du parent et la perte d’énergie dans sa relation avec l’enfant ont pour conséquence qu’il s’investit moins dans cette relation, entre autres en lui accordant moins d’écoute et d’attention. La relation va se limiter aux tâches indispensables, exécutées de manière presque mécanique. Préparer les repas, assurer les trajets pour aller à l’école ou aux activités, gérer le coucher et la toilette… Le lien fort d’affection et d’amour s’affaiblit.
Ces indicateurs de l’arrivée d’un burn-out parental sont suffisamment forts pour qu’un papa ou une maman en soit conscient… mais sans pour autant qu’il en identifie la cause profonde. Et cela va induire un sentiment de culpabilité et l’impression de ne plus être un bon parent, ce qui ne va forcément pas l’aider à remonter la pente.
La prise de conscience de l’état d’épuisement est déjà un premier pas en avant. Cela vous permettra de sortir du sentiment de culpabilité ou de l’impression de ne pas être à la hauteur dans ce rôle pourtant si difficile de parent.
La meilleure chose à faire si vous vous sentez à bout, c’est d’en parler. Même si la pression sociale rend parfois difficile cette prise de parole, elle est libératrice. Trouvez le bon entourage pour le faire, et n’hésitez pas à consulter votre médecin généraliste ou un.e psychologue. Et demandez de l’aide pour rééquilibrer la balance entre ressources et stresseurs parentaux, par exemple pour le volet scolaire.
Vous pouvez le faire entre autres en privilégiant une alimentation plus équilibrée et en améliorant la qualité de votre sommeil. Evitez l’alcool et les excès de sucre, et adoptez les micro-siestes en journée.
Relâchez la pression que vous vous mettez peut-être vous-même : le parent parfait n’existe pas ! Ne prenez pas certaines injonctions sociétales sur l’éducation idéale au pied de la lettre. Et acceptez de revoir vos exigences personnelles à la baisse. Si elles vous rendent la vie impossible, elles seront contreproductives pour vous et vos enfants.
En anticipant les moments de rush et en prévoyant comment répartir les tâches et rôles au sein de la cellule familiale, vous les aborderez de manière plus sereine. Et n’oubliez pas de vous octroyer des pauses centrées sur vous et votre bien-être dans ce planning parental.
En 2021, une étude internationale dirigée par Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak a analysé le phénomène du burn-out parental dans 42 pays, dont la Belgique. Avec 8% de burn-out parental par an, soit 200.000 personnes, notre pays est l’un des plus touchés. Cela serait en grande partie une conséquence de l’individualisme de nos sociétés et de la pression sociale quant au rôle de parent censé être parfait.
Le burn-out parental ne concerne pas que les mamans : parmi les cas recensés, 1/3 toucherait les papas. Ce chiffre peut-être plus élevé que ce qu’on imaginerait est à mettre en parallèle avec l’évolution du rôle de père. La génération actuelle de pères est souvent plus investie qu’avant dans sa mission parentale… mais sans avoir nécessairement eu un tel modèle lorsqu’ils étaient enfant, ce qui peut compliquer l’apprentissage de papa pleinement actif.
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